Le 13 novembre 2013, La Dépêche du Midi nous a lancé sans le savoir un incroyable défi. Dans cet article, un journaliste explique qu’une récente étude démontre les problèmes qu’entretiennent les jeunes toulousains avec l’alcool, plus encore que dans n’importe quelle autre ville française.
Etant nous-mêmes de jeunes toulousains nous avons décidé de réaliser l’impossible :
UN MOIS SANS UNE GOUTTE D’ALCOOL
Soyons sincères, on est entre nous : toutes les occasions sont bonnes pour picoler un peu, non ? Fêter tes partiels que t’as eu, fêter tes partiels que t’as pas eu, l’anniversaire d’un pote, la crémaillère de ta cousine, un repas de famille qui s’éternise, la naissance du fils de l’oncle par alliance de ton voisin de palier à-qui-t’as-jamais-parlé-mais-quand-même-faut-fêter-ça-après-tout-on-ne-naît-qu’une-fois,…
Et comment ça se passe, tout ça, lorsque tu ne bois pas d’alcool ? C’est possible ? Tu t’amuses quand même ? C’est ce que nous avons voulu savoir. Et prouver à La Dépêche que les jeunes toulousains peuvent vivre sans alcool.
Récit d’un défi.
Samedi 1er février
Simba : « Début des hostilités. Bonne chance à nous trois. Force et honneur. »
Dimanche 2 février
Simba : « Un client a voulu offrir sa tournée de shooters. Pour la première fois de ma vie, j’ai bu cul sec un chupito de jus d’ananas. »
Lundi 3 février
Mufasa : « Sortant du weekend de la Chandeleur, et ce sans manger de crêpes, je me sens mal. Pas de soucis, on rattrape cela avec la femme le lundi. Et bien, elle prendra le cidre seule… »
Mardi 4 février
Scar : « Mes paroles sont mieux considérées. J’ai pas bu, donc je sais ce que je dis. Avantage :=+ de logique, esprit vif. »
Mercredi 5 février
Scar : « Troisième soirée parisienne avec la classe. On me sert encore à boire lors des jeux d’alcool. Ils n’ont toujours pas compris.
On part dans un bar à la Bastille, le sous-sol est « privatisé’ pour l’occasion. Tout le monde prend des carafes, je me sens seul. »
Jeudi 6 février
Simba : « Restaurant avec l’homme. Comme il a beaucoup d’humour, il a passé le repas à me dire à quel point le vin rosé était délicieux et combien je ratais quelque chose. Tu en veux ma belle ? Ah non désolée j’avais oublié tu peux pas. (sourire diabolique). C’est fou comme l’absence d’alcool peut développer à ce point des envies de meurtre.«
Mufasa : « Soirée Domac après le boulot, au programme apéro autour d’une table, longs discours et délires. Du grand classique en somme, mais sans le Havana Club, ça change. Beaucoup. Première d’une longue série : « allez prend un verre, on le dira pas ! » «
Vendredi 7 février
Scar : « Soirée tapas avec 3 ami(e)s et le vieux Billy, on se pète le bide. Le vin rouge est sous mes yeux. Je suis à deux doigts de craquer. Des tapas quoi !! En suivant dans les bars, je demande au barman « une limonade ou sinon un coca », il me sert les 2.
C’est nul la vie sans alcool. »
Samedi 8 février
Simba : « Fin de service, 3h du matin. Mes collègues-trop-cool et moi-même partons en boîte. Le patron des lieux nous offre la bouteille de vodka. Truc insensé qui n’arrive jamais – sauf à moi, bien évidemment, pendant le mois où je n’ai pas le droit de boire. J’ai bu du jus de pomme en quantité astronomique. J’ai dansé. J’ai regardé les gens. Mes collègues étaient alcoolisés. L’homme était alcoolisé. La terre entière était alcoolisée. Du moins, tous les gens présents dans cette boîte de nuit étaient alcoolisés.
A ce moment-là, vraiment, j’ai plaint tous les SAM de la Terre et je leur adresse, de manière totalement officieuse, le prix Nobel de la paix.«
Mufasa : « Limoges, première fois de ma vie. weekend chez des amis à elle, que je rencontre. De la torture psychologique, un suicide social, et une soirée à rigoler, malgré la pluie et les orages. Et la boite de nuit, c’est dur. Très dur. Triple sanction, le Mcdo du lendemain. J’y mange bien assez souvent, et les seules fois où je l’apprécie, c’est quand je trempe mes nuggets dans la sauce gueule de bois. Vous avez déjà souhaité avoir cette de hangover ? Ce jour là, j’aurais tellement aimé. »
Jeudi 13 février
Mufasa : » Oui c’est la veille de la St Valentin. Mais on s’en fout. Quoi, tu n’as pas lu notre superbe article ? Va.
Revenons à nos moutons, aujourd’hui, c’est le dernier jour de cours (oui en février c’est possible dans mon école). Qui dit dernier jour, de la dernière année, du dernier cycle d’étude, enfin la fin de la vie étudiante quoi, dit grosse murge. Normal non ? Bah non justement, pas pour moi, pas ce mois. Et bin tu sais quoi, j’ai passé l’une des meilleurs soirées avec cette bande d’ahuris. Délires, fou-rires, sont d’autant plus au rendez vous. Profiter de chacun tu peux. Observer ton pote qui se prend un râteau, l’autre qui chope, et pouvoir leur raconter le lendemain. Essayez-le une fois, tournez au Red b*** donne des ail** (pas de pub ici) et le tour est joué. « Alleeez on le dira pas » «
Samedi 15 février
Mufasa : » Bon ok, je suis un tout petit moins enthousiaste là. Passer une bonne soirée sans alcool pour une occasion spéciale, quand tous les autres ont franchi la ligne, oui c’est possible. Se retrouver dans un bar toulousain huppé entre pote histoire de faire un tour un samedi soir, c’est déjà un peu moins drôle. Surtout quand tu n’as pas de table ni de bar pour te (re)poser, et que la chanson de Sébastien Patoche des sardines prends le pas sur la musique lounge du bar, parce que, qu’est ce qu’on était serré… »
Lundi 17 février
Simba : « Texto d’une amie qui me dit qu’elle organise un repas chez elle dans la semaine. Précision de fin de texto -> t’inquiète, pour toi, j’achèterai des softs, t’aimes le coca ? Ok, la terre entière a intégré que je ne buvais plus d’alcool. La terre entière, sauf moi. »
Mercredi 19 février
Simba : « L’Homme vient d’atteindre avec brio un des ses objectifs professionnels. Il faut fêter ça. On a descendu à deux une bouteille de Champomy. Et bien, vous savez quoi ? Je ne m’en souvenais plus, mais le Champomy, c’est vraiment trop bon. »
Vendredi 20 février
Mufasa : » Dernier jour de boulot. Après avoir essuyé de mon visage toutes les sauces que propose Ronald dans sa secte, oui ce sont les rites de départ, une soirée s’impose. Une trentaine d’apprentis Big Mac plus ou moins confirmés se rendent donc à mon domicile pour un apéro d’au revoir. Pour moi ce sera « Bonjour la boisson énergisante » (d’ailleurs le chiffre d’affaire de Red Taureau a explosé en février, selon soda-magazine). Et autant de discutions passionnantes avec des gens tout aussi intéressants. Oh Yeah. »
Samedi 22 février
Simba : « J’ai retenté : la boîte de nuit avec les collègues après le boulot. Je suis plutôt du genre persévérante, je sais. Et bien à 5h du matin, je suis rentrée toute seule en taxi. Voilà. »
Scar : « Anniversaire d’une amie à moi. Je viens vers minuit après le travail, tout le monde est déjà saoul, et je suis accueilli comme un prince, ça doit les faire craquer de me voir totalement sobre. Je me fais confident de mes amis bourrés, je reçois en remerciement un joli vomi tout chaud sur mon t-shirt. L’alcool m’a attaqué sans même avoir bu.«
Mercredi 26 février
Simba : « Je pars acheter mon café à l’épicerie en bas de chez moi. En me trompant de rayon, je passe à côté du rayon vin. Je revois le nombre de fois incalculables où j’ai débarqué en courant trois minutes avant la fermeture pour acheter une bouteille de moelleux ou de rouge pour un repas/un apéro/une soirée. Presque un mois que je n’ai pas visité ce rayon. C’est bizarre.«
LE BILAN
Simba
Tout d’abord, ne pas boire pendant un mois, c’est se rendre compte à quel point nous sommes confrontés à l’alcool en permanence. C’est aussi se rendre compte que ne pas boire peut parfois te mettre malgré toi en quarantaine, je pense notamment aux boîtes de nuit. Mais d’un autre côté, c’est se rendre compte que quand tu es en terrasse un soir avec une amie, tu peux parfaitement troquer ton verre de vin blanc contre un jus de fruits -chose que, par habitude, je ne faisais jamais – et apprécier parfaitement ce moment. J’ai adoré me mettre au défi comme ça, et il est fort possible que ma consommation d’alcool devienne suite à ça plus mesurée. Cependant, l’alcool est aussi un de ces petits plaisirs de la vie pas forcément génial pour la santé mais que l’on consomme quand même, car après tout, on n’a qu’une vie.
Scar
Un mois sans alcool, lorsqu’on vit en centre-ville en tant qu’étudiant, c’est tout sauf anodin. Toutes les occasions sont bonnes pour boire, et pas forcément pour « se la coller ». C’est surement les moments où on le déguste que cela m’a manqué, au restaurant notamment. En soirée, il faut assumer de ne pas boire. « Pourquoi tu bois pas ? », « Prends au moins un verre ! » ou encore, le récurrent « Il boit pas pendant un mois ! », souvent raconté à un autre, pour souligner le caractère exceptionnel de ma situation. On est un peu à part, je sais que j’avais souvent besoin de tuer le temps dans les soirées en bars par exemple.
Mais j’ai apprécié, on analyse beaucoup plus quand on boit pas en fait. Et on voit surtout les réactions incohérentes de nos potes bourrés, que j’aurais pu avoir si j’avais été à leur place.
Je risque donc de réduire, mais surement pas d’arrêter !
Mufasa
C’était à la fois très long, et très court. Hier à minuit 10 (tout lien avec la Tour Montparnasse infernale n’est que purement fortuite) , lorsque nous avons pris notre premier verre tous ensemble, on s’est dit : « Beh c’est passé super vite quand même ! »
Mais à côté de ça, il est vrai qu’une bonne bière bien fraiche et mousseuse m’a souvent fait du pied avec les copains au bar, tout comme le délicieux verre de vin rouge à table. Oui tout cela m’a manqué. Par contre, là où ça m’a servi, c’est de voir qu’il est souvent plus sympa de ne pas boire, picoler, se la coller… dans les soirées pour évènements. Anniversaires, départs, dernière soirée avec les copains de classe… Dans tout ces cas, tu apprécies de profiter de chaque instants, et de toutes les personnes présentes. La soirée ne passe pas à vitesse grand V ! Bref, une expérience positive qui pousse à relativiser sa consommation ! Sans parler du compte en banque !
Bon alow faut te renseigner quand tu fais ça car il y a des gens qui sont sur le coup depuis 4 ans à Toulouse y’a même des badges tout ça enfin breffff le prochain mois de février l’fait pas seul !!!
Bonjour à toi « euhhh », la Boudu Team a tenté cette expérience au mois de février 2014 en tant qu’étudiant toulousain, pour d’abord tester notre capacité à ne pas boire au cours des nombreuses sorties que nous faisions. Nous avons avant tout voulu partager notre expérience personnelle, sans prétention et sans à priori sur cette expérience. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ces badges, car nous n’avons pas eu écho de cette initiative ! Et puis nous n’étions pas seuls de toute façon, nous étions bien 3 ! Bonne journée à toi !
Je ne bois (quasi) jamais d’alcool et je trouve cela super stigmatisant.
A chaque fois je n’en reviens pas à quel point la société n’accepte pas que l’on NE BOIVE PAS.
J’ai parfois eu les larmes aux yeux en soirée tellement je me sentais à part, au bout du 10e « mais tu ne goûtes même pas?? » » mais pourquoi tu n’aimes pas? » (parfois j’ai même envie d’inventer une raison religieuse pour ne pas me justifier) . Sans parler du comportement des autres que tu ne cautionnes pas forcément quand tu es à jeun.
Ca me fait même refuser pas mal de soirées, lorsque je sais que je vais m’ennuyer à regarder les autres trop bourrés…
Je trouve cela chouette votre initiative, pour se mettre un peu à la place de ceux qui ne boivent pas 🙂
Salut Alison 🙂
Merci beaucoup pour ce commentaire, ça nous touche vraiment. Assume tes choix à fond à fond à fond, nous : on te soutient !!!!!
Boudument